Dr ROUILLON Isabelle
ORL, PH, Hôpital Necker-enfants malades, Vice-Présidente d'ACFOS, Paris
Le dépistage néonatal de la surdité permet de repérer les pertes auditives légères à moyennes à partir de 35 dB. Les hypoacousies moyennes peuvent donc être diagnostiquées aujourd’hui précocement avec un âge moyen qui est passé de 4,9 à 0,8 ans (Fitzpatrick 2020). Néanmoins ces surdités restent un challenge tant du point de vue diagnostique que de la prise en charge. En effet ce sont ces enfants qui nécessitent le plus de rendez-vous de contrôle afin de préciser avec certitude les seuils auditifs. La présence d’un épanchement rétro tympanique peut compliquer le diagnostic de surdité permanente. Pour cela une pose d’aérateurs trans tympaniques peut être proposée dès 6 mois afin de pouvoir faire la part des choses entre une surdité moyenne permanente et une otite séro-muqueuse prolongée. L’accès à des tests électrophysiologiques objectifs en conduction osseuse (potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral, PEATC, ou potentiels auditifs stationnaires, ASSR) permet aussi de différencier les surdités neurosensorielles des surdités de transmission. Ainsi parmi les enfants suspects de surdité légère à moyenne, 31 % ont vu leurs seuils se normaliser (Antoni 2016). Enfin il faut garder les parents mobilisés, car le fait que l’enfant perçoive des sons au quotidien à tendance à rendre plus difficile non seulement l’acceptation de ces bilans successifs, mais aussi du diagnostic de surdité permanente et de la mise en place d’une réhabilitation auditive précoce (25% de perdus de vus, Antoni 2016). Un accompagnement des patients et de leur famille par des professionnels formés aux spécificités et aux enjeux de ces surdités moyennes est indispensable.