Dr MAQUET Charles
ORL, Chef de Clinique, CHU Rouen
Introduction
Le dépistage universel des surdités unilatérales néonatales ne fait pas l’objet de recommandations en France comme dans de nombreux pays. La surdité de perception unilatérale (SU) congénitale peut entrainer des difficultés sur le développement du langage et les performances scolaires de l’enfant. L’objectif de cette étude était d’analyser les résultats du dépistage des SU du territoire Haute Normandie et ses conséquences.
Méthode
En plus du dépistage universel des surdités bilatérales en Haute Normandie instauré depuis 1999 pour les surdités bilatérales (SB), nous avons analysé les résultats du dépistage des SU instauré depuis 2007. Le dépistage était composé de 3 étapes (T1 par OEAp, T2 et T3 par PEAA) suivi d’une étape diagnostique. Le diagnostic de SU était retenu en cas de perte auditive moyenne supérieure à 30 dB pour l’oreille pathologique avec un seuil inférieur ou égal à 20 dB HL pour la bonne oreille à l’audiométrie confirmé par PEA et/ou ASSR. Les enfants avec une SU étaient suivis tous les 6 mois.
Résultats
Entre 2007 et 2020, 266 903 nouveau-nés ont été dépisté pour la SU dont 3% (8088) étaient adressés au T3. Entre T2 et T3, 343 (4.2%) T2 non concluants étaient perdus de vue. 392 (4,3%) T2 non concluants avaient un T3 toujours non concluant et une SU était confirmée pour 199 (51%) d’entre eux. La prévalence de la SU était de 0.7/1000 nouveau-nés.
Par comparaison, entre 1999 et 2020, 303 993 nouveau-nés étaient dépistés pour la SB dont 1.3% (3980) étaient adressés au T3. Entre T2 et T3, 270 (6,7%) des T2 non concluants étaient perdus de vue. 516 (13,9%) des T2 non concluants avaient un T3 toujours non concluant et une SB était confirmée pour 352 (68,2% d’entre eux). La prévalence de la SB était de 1.2/1000 nouveau-nés.
Parmi les enfants atteints de SU, on retrouvait les étiologies habituelles de surdité congénitale. Le suivi audiologique médian était de 57 mois et 5.5% (11/199) présentaient une dégradation auditive dont 9 bilatéralisation.
Discussion
Paradoxalement, nous avons constaté moins de perdus de vue entre T2 et T3 dans le cadre des SU que des SB. La prévalence des SU était similaire aux données de la littérature (0.5 à 1/1000 naissances). Le retentissement individuel d’une SU pour l’enfant dans son développement et son risque de dégradation/bilatéralisation incite au diagnostic et à la réhabilitation précoce associée à un suivi régulier des enfants. Toutefois la charge de T3 et bilans diagnostiques était multipliée par trois par rapport au dépistage des SB seules pour une valeur prédictive positive moindre du T3 (50% des T3 non concluants n’avaient pas de SU tandis que seulement 32% pour la SB).
L’organisation du dépistage des SU doit donc prendre en compte les moyens humains nécessaires afin de ne pas impacter les délais diagnostiques des nouveau-nés atteints de SB congénitales.