REBICHON Caroline
Psychologue clinicienne, Service ORL chirurgie cervico-faciale, Hôpital Necker Enfants-Malades, Paris
BEVILACQUA Liliana
Psychologue Pôle soins Accompagnement social et Petite enfance à l’INJS (Chambéry-Cognin) et CEAE des deux Savoie
Les spécificités du dépistage néonatal de la surdité, comparativement aux autres dépistages biologiques néonataux conditionnent les enjeux et les vécus parentaux durant cette période sensible. A partir d’éléments cliniques issus des discours des parents et de la reconstruction de leur parcours autour du dépistage néonatal de la surdité, nous évoquerons les représentations, les émotions et les sentiments qui les traversent. Dans la grande majorité des cas, le doute, la suspicion ou une quelconque demande parentale n’a pas eu le temps d’émerger, au risque alors d’un vécu d’effraction.
Nous verrons que les représentations parentales sollicitées par ce dépistage, et autour du berceau, peuvent influencer la rencontre du parent avec son bébé et le nouage des premiers liens ; les résultats annoncés, « non concluants », peuvent alors rendre l’enfant « suspect », activant ainsi chez le parent diverses défenses psychiques, qui conditionneront les suites de ce dépistage, leur mobilisation dans le parcours diagnostique et si nécessaire, jusqu’à la prise en soin précoce de l’enfant.
Nous nous placerons également du côté du « soignant testeur » qui réalise le dépistage en période néonatale, et évoquerons ce qui peut être mobilisé chez lui face à la difficulté parfois à annoncer les premiers résultats ; si les autres dépistages convoquent plutôt l’opératoire, le DNS vient chercher le professionnel dans sa subjectivité, sollicitant son savoir-faire, son savoir-être et son savoir-dire. Le discours et les termes utilisés par ce dernier ont de fait toute leur importance, déterminant notamment le vécu et l’adhésion parentale. L’alliance ou la mésalliance diagnostique et thérapeutique se construit ainsi dès ce premier temps du dépistage.